Les enfants perdus de la République...

> Je commence à souffrir ces derniers jours d une charlite aigue au vu et à l écoute de tous ces commentaires , points de vue éclairés et démonstrations d affliction d une France frappée de stupeur par les événements récents . Ainsi nous serions sommés de nous déclarer Charlie sous peine de faire figure de traitre à la nation voire pire encore de terroriste potentiel ! Et tout ce petit monde des médias , des académies , ces intellectuels de droite comme de gauche , ces vaillants défenseurs de la Liberté , ces rebelles d hier , ces bourgeois de demain (etc,etc...)nous conjurent de rester vigilants devant le péril d un droit d expression en danger et d une invasion barbare via les tristement célébres combattants de l état islamique . On s arrache le dernier numéro de la revue qui atteint des tirages extraordinaires( 7millions au dernier décompte ! ) , elle qui avant les événements était menacée de disparition et ne tirait plus qu
> à un maigre 30.000 exemplaires .
> Mieux encore , on défile dans les rues de Paris avec en tête du cortège quelques représentants éminents des démocraties exemplaires telles que celles de l état d Israel ou encore de Bulgarie suivis par une cohorte de politiciens jouant du coude pour se placer sous l objectif des photographes ....On applaudit la  police , les CRS (gardes mobiles) ... C est la fraternité retrouvée , le moment de grace , la marseillaise sanctifiee , amen et merci pour cet oecumenisme laique !
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> 1962 ,Paris... Quelques milliers de manifestants défilent à proximité du métro Charonne et à la suite de violents affrontements avec les forces de l ordre , 9 d entres eux ne se relèveront jamais . Ils défilaient contre la guerre d Algérie ...En 1966 ,le gouvernement fait voter une loi d amnistie couvrant cette même manifestation et par là même signifie l impossibilité de toute poursuite eventuelle contre les représentants de l ordre public
> 1964 ,Maisons Laffitte.... J ai 10 ans et vis en banlieue parisienne entre un père cadre et une mère enseignante et suis souvent chargé d aller quérir la sacro sainte baguette . Oh , la boulangerie n est pas très loin mais il faut pour y parvenir traverser un quartier d immigrés magrehbins et maman ne manque jamais de m enjoindre de ne pas traîner en chemin pour ne pas provoquer d inquiètude...On ne sait jamais , je pourrais tomber moi aussi , au champ d honneur ;  avec ces gens là , un mauvais coup est si vite arrivé ...Notons que sur l échiquier politique ma famille en est une de gauche , que mon père , intellectuel engagé , a longtemps milité , plus jeune dans les syndicats et qu il est visceralement opposé à toute forme de colonialisme . Mais cela n exclut nullement de veiller sur sa progeniture et de se sentir menacé sur son territoire par ces individus basanés qui ne vous regardent jamais en face comme s ils avaient quelque chose
> à se reprocher ....
> 1970, Cité des Indes , Sartrouville ... Autour de la table familiale le souper est servi ... Amar Bouzid , arrivé en France peu après l independance de l Algérie , profession éboueur raconte sa journée ... Comme cela lui arrive souvent , il s est fait traiter de bicot , de bougnoule , de crouille , bref d epithetes fleuris ( et hum , pas vraiment empreints de sollicitude ) , à l époque couramment employés par les autochtones à l endroit de ces moins que rien dont on a dans un premier temps pillé les richesses et humiliés pour ensuite les faire venir occuper des emplois dont les francais ne veulent pas ... Ils seront eboueurs comme Amar mais aussi manoeuvres sur les chantiers , balayeurs , ouvriers non qualifies , et avant de se voir attribuer un logement , auront pour certains , vécu sur des terrains vagues dans des baraques de planches et de toles sans électricité ni eau courante ...Les fameux bidonvilles , ancetres des favelas
> bresiliennes ...Mais Amar n insiste pas  il rêve pour ses enfants d un avenir different et sait bien que dans le fond il n a plus le choix .... Il doit se taire pour survivre et ne pas se faire expulser , ce qui signifierait un aller simple pour l enfer soit retourner dans village et porter l infamie d avoir choisi d aller vivre dans le pays de l  ennemi ...
> Bachir lui , l ainé des fils ne le sait pas encore mais les etudes qu il a suivies ne lui permettront pas , à diplome équivalent , d aspirer à une carriére quelconque ...Mauvaise pioche que ce nom Bachir Bouzid ! Une véritable tache sur son curriculum vitae ...
> Karim , le cadet ,   s est juré , de ne pas suivre le chemin de son ainé . Il traine avec sa bande en bas des immeubles et fricote à droite et à gauche à la recherche  de vagues combines qui dans la décennie suivante deviendront trafics de drogue et lui permettront d amener son écot au foyer non sans lui valoir un respect peureux de la communauté . Il n est pas disposé à faire le moindre compromis , c est eux contre nous ...
> Et enfin Rachid le benjamin qui ,en bout de table , est le témoin pas encore en âge de comprendre mais qui , déjà , confusément , sent qu il sera toujours différent de ses petits copains francais de souche ...
> Au fil des décennies , cette même famille s effritera , certains de ses membres  iront en prison ou seront tués et leurs enfants se radicaliseront pour devenir les combattants fous d un islam sectaire venu d ailleurs et qui se sert d eux comme agneaux du sacrifice ....
> Alors , est il vraiment de bon ton de prétendre aujourd hui que la République a tout fait pour ces enfants des cités si ce n est  l octroi de fonds qui ont servi au nettoyage cosmétique de leur habitat comme si passer quelques couches de peinture allaient laver l affront qu ont autrefois subis leurs pères , frères et cousins ? Faut il ecouter tous les Finkielkraut et Zemmour de ce monde qui se citent en exemple d une integration réussie à la force du poignet et qui suggèrent ouvertement d embarquer tous les arabes dans des bateaux qui les raméneraient vers leurs terres d origine .... Les deux paradent en têtes des meilleures ventes en librairie et ne  ratent jamais une occasion avec l aide de médias complaisants d y aller de leurs analyses pour le moins douteuses .
> Je regardais hier le Grand Journal sur Canal Plus et pour la toute première fois depuis les événements , le théme que je viens de développer y était abordé entre deux clowneries de l animateur et de ses sbires ...Que voulez vous : the show must go  alors un peu de saupoudrage sociologique , ce n est pas de refus ( il en faut pour tous les gouts et se donner bonne conscience ! ) mais à condition que cela ne dure pas trop longtemps .... Le téléspectateur pourrait zapper ... Cela d ailleurs me rappelait la France victorieuse de la coupe du monde en 1998 et qui se clamait black , blanc , beur ...Pour 2 semaines et ensuite retour à la normale !!!